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Eric Blondin
19 juillet 2018

Racisme : où en est la situation aujourd’hui en France ?

Si le niveau de racisme reste extrêmement préoccupant, la CNCDH souhaite d’emblée insister sur les évolutions positives : le racisme affiché est le fait d’une partie minoritaire de la population française et ne doit pas être considéré comme une fatalité, sa progression n’étant pas établie sur le long terme, au contraire. C’est ce que révèle l’enquête annuelle menée pour la CNCDH depuis 1990 avec le soutien du Service d’information du gouvernement (SIG) et le concours d’une équipe de chercheurs du Centre d’études européennes et de politique comparée (CEE) du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipov). La dernière vague du baromètre (novembre 2017) montre une stabilisation de l’indice longitudinal de tolérance, après trois années de hausse consécutives. Toutefois, si la norme sociale antiraciste s’est imposée en France, si le racisme est condamné en principe, les préjugés persistent. Plus précisément, on assiste depuis la seconde guerre mondiale à une reformulation progressive des discours racistes vers des formes détournées et plus « acceptables » en démocratie. Le racisme a ainsi évolué d’un différentialisme biologique (fondé sur une hiérarchie supposée entre les races), aujourd’hui minoritaire, vers un différentialisme culturel, qui consiste à juger l’« autre » (par son origine, sa religion, sa culture, son apparence, etc.) trop différent du groupe auquel on s’identifie. On observe par ailleurs une stabilisation de la hiérarchie des rejets ces dernières années, avec notamment une cristallisation du racisme sur les Roms, les musulmans et les populations migrantes en ce qui concerne les opinions et les actes, et sur les juifs s’agissant des actes. Si les discours racistes sont plus « édulcorés », les actes racistes, dans leur grande majorité, prennent également des formes voilées et subtiles (rejet et mise à l’écart, brimades, discriminations, etc.). Les conséquences de ce racisme «du quotidien» n’en sont pas moins préjudiciables, tant pour la construction de l’individu, que pour le groupe social auquel il a été assigné et la cohésion sociale dans son ensemble. La progression inquiétante dans l’échelle de la violence constatée ces dernières années, illustrée par certaines agressions extrêmement brutales (Chaolin Zhang en août 2016, Sarah Halimi en avril 2017, le couple Pinto à Livry-Gargan, etc.), doit par ailleurs être relevée. Fort de ces constats, la CNCDH ne saurait trop insister sur la nécessité, pour le nouveau Gouvernement, de ne pas relâcher les efforts plus soutenus consentis depuis 2015, année où la lutte contre le racisme a été érigée au rang de «grande cause nationale», pour donner une impulsion forte et durable à l’action publique en la matière.

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Eric Blondin
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