La France et les illusions syriennes

La France a rejeté jeudi toute suggestion selon laquelle des millions de réfugiés syriens pourraient commencer à rentrer chez eux, comme le pressait la Russie, qui soutient le président Bachar al-Assad. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Agnes von der Muhll, a déclaré que les conditions d'un retour n'étaient pas réunies, vu le traitement réservé par Assad à ceux qui sont déjà rentrés chez eux et une éventuelle offensive sur le territoire rebelle dans le nord de la Syrie. Ces dernières semaines, la Russie a appelé les puissances occidentales opposées au gouvernement syrien à aider les réfugiés à rentrer chez eux et à aider à la reconstruction des zones sous son contrôle. Cependant, Von der Muhll a cité un décret privant les réfugiés et les personnes déplacées de leurs biens, de l'instabilité du pays et des cas d'arrestation et de conscription forcée de Syriens revenant du Liban. «Considérer le retour des réfugiés est illusoire dans les conditions actuelles», a-t-elle déclaré. La guerre civile de sept ans a tué environ un demi million 5,6 millions de personnes déplacées hors de la Syrie et environ 6,6 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays. La plupart des réfugiés sont issus de la majorité musulmane sunnite, et il n’est pas clair si le gouvernement à dominance alaouite d’Assad permettra à tous de rentrer librement ou s’ils le souhaitent. Les sunnites constituaient l'essentiel de l'opposition armée à Assad. La France, qui soutient l’opposition, a déclaré qu’elle ne soutiendrait pas la reconstruction des zones sous contrôle d’Assad tant qu’il n’y aurait pas de transition politique négociée sous les auspices de l’ONU. «Cette année a vu le plus grand mouvement de personnes déplacées depuis le début du conflit et… toute la communauté internationale a mis en garde contre le risque d'une crise humanitaire et migratoire majeure en cas d'offensive contre la province d'Idlib», a déclaré Von der. Muhll a dit. La région d'Idlib, un refuge pour les civils et les rebelles déplacés d'autres régions de la Syrie, ainsi que les forces djihadistes, a été touchée par des frappes aériennes et bombardements la semaine dernière, en prélude à une offensive gouvernementale à grande échelle.